Dialoguer avec son inconscient, cela s'apprend...
Cela vous facilitera grandement le travail analytique ou psychothérapique que vous envisagez d'entreprendre.
Dialoguer avec qui ?!
Et oui, pour dialoguer avec l’inconscient, la question se pose.
L’inconscient, par principe, est inconnu du conscient car « quand la lune est là le soleil n’y est pas » disait la chanson. Alors pour parvenir à faire dialoguer le soleil
avec la lune, un savoir-faire très fin va être nécessaire.
1ère étape : Reconnaître
D’abord se demander comment considérer cet interlocuteur attendu, souhaité, et inconnu.
Il est inconnu pourtant il laisse de petits signes (parfois des grands) qu’on trouve sur l’oreiller au réveil, ou qui s’inscrivent dans le corps, ou qui viennent dans notre champ de conscience au milieu d’une réunion très sérieuse…
Il est inconnu, pourtant si nous prêtons attention à ces signes, nous reconnaissons bien de qui il s’agit. Car il a une « patte » bien reconnaissable, une tonalité, une ambiance bien à lui.
Cette tonalité est celle de la surprise, ou plutôt toutes les déclinaisons de la surprise allant de la légère incongruité à l’abasourdissement massif. Toutes les nuances de l’inconnu qui surgit dans le monde conscient ont cette signature. Une
idée dont on se demande pourquoi elle nous vient. Un mouvement du petit doigt dont on remarque qu’il frémit à chaque fois que… Une image effrayante qui passe devant la fenêtre alors qu’on sort de sa douche. Une crampe alors qu’on est si
confortablement installé. La liste est sans fin.
L’attention que vous porterez à toutes ces expressions de l’inconscient vous apprendra à le reconnaître, à savoir qu’il cherche à entrer en contact avec votre conscient. Vous pouvez apprendre à RECONNAITRE cette vibration, cette odeur, ce
goût particulier de l’inconscient.
L’inconscient cherche à entrer en contact avec le conscient...
Vraiment?!
En effet, tout semble montrer que, si le Moi conscient aimerait bien être seul maître à bord et ne rien examiner d’autres que ses propres volontés, l’inconscient ne l’entend pas de cette oreille. Il peut rester muet aussi longtemps que le
conscient mène les opérations d’une façon qui ne soit pas dommageable pour l’être entier. Mais quand les décisions conscientes commencent à se faire au détriment du reste, quand le conscient devient dictateur, même s’il est convaincu que
c’est pour le « bien » de l’ensemble (ce que font souvent les dictateurs), l’inconscient va commencer à parler… crier… hurler… se révolter de plus en plus violemment.
Autant dire qu’avec l’inconscient, le ‘’roi’’ a tout intérêt à avoir l’oreille démocratique. S’il rejette les revendications de l’inconscient en le considérant comme son ennemi, il le forcera à entrer en guerre.
Le conscient doit comprendre et admettre que le royaume que constitue chacun de nous n’est sainement gouverné que par deux rois ensemble : le conscient et l’inconscient
2ème étape : Apprivoiser
Vous avez appris à reconnaître la présence de l’inconscient lorsqu’il montre le bout de son nez à la frontière de votre champ de conscience. Il s’agit maintenant de communiquer effectivement.
Pour qu’une communication soit réussie, quels que soient les protagonistes, deux préalables sont indispensables : l’écoute et le respect (de soi-même et de l’autre).
Et quand la communication est interrompue depuis longtemps voire gravement endommagée, il convient d’ajouter un troisième ingrédient : la patience (ce qui n’a rien à voir avec attentisme ou passivité).
Le conscient et l’inconscient devront prendre le temps de s’apprivoiser mutuellement.
Pour saisir de quoi il s’agit, je vous invite à suivre les conseils du Renard au Petit Prince, que vous pouvez retrouver ici :
video
youtube
Ce qui frappe d’emblée c’est qu’ils se posent mutuellement des questions sincèrement curieuses de l’autre, et qu’ils attendent véritablement la réponse en ne préjugeant pas ce de qu’elle va être.
Cette double attitude est
indispensable.
La première question posée à l’interlocuteur totalement inconnu est « Qui es-tu ? ».
Combien de personnages avons-nous croisé dans nos rêves sans leur poser cette question essentielle ? Et bien souvent, des années après, on continue à fuir devant eux, ou eux devant nous, toujours sans savoir qui ils sont…. Alors, forcément,
ils continuent à nous persécuter.
Face à un personnage de rêve, face à une voix qui vient critiquer vos actions ou les encenser, face à une émotion inédite que vous submerge, l’ouverture d’un dialogue possible se dit « Qui es-tu ? ».
Le travail du conscient : considérer et évaluer
Il est pourtant des protagonistes auxquelles il n’est peut-être pas prudent de poser cette question de façon frontale. Et c’est là que les choses commencent à se compliquer.
Alors s’impose l’évidence qu’il n’existe pas de mode d’emploi mécaniquement applicable.
Selon l’interlocuteur, poser la question relèvera d’une curiosité vivante , ou bien d’un vrai courage, ou au contraire d’une folle inconséquence.
Alors comment s’y prendre ?
Si nous revenons au Petit Prince, on peut imaginer qu’il a commencé par observer ce drôle d’animal roux. Quel était son attitude, était-il menaçant, avait-il montré des signes amicaux ? Quels sentiments ce premier contact a-t-il fait naître
en lui-même ? Dans quel environnement cette rencontre avait-elle lieu ? etc.
L’histoire nous montre que le petit prince n’est pas naïf. Il mesure même avec une grande finesse la nature de ceux qu’il rencontre, qu’il s’agisse d’un aviateur, d’une rose ou d’un serpent.
Vous devrez être ce Petit Prince face aux figures de votre inconscient : courageux mais en passant par une évaluation juste de l’interlocuteur, de la nature de la communication possible, et du juste moment.
Le héros du
conte de l’Esprit dans la bouteille comprend que ni l’humeur de son interlocuteur, ni le moment ne sont propices à une communication directe. Il sent qu’une étape intermédiaire est
nécessaire. Il agit donc en conséquence.
Quelques exemples d’interlocuteurs, instances proposées par l’inconscient :
Une infâme bestiole mi pieuvre mi araignée ?
Une bande de zombies dans un couloir de métro ?
Une sorcière mielleuse vous proposant une pomme ?
Une sublime jeune fille en péril ?
Un gitan ténébreux ?
Il apparaît immédiatement que l’infâme bestiole et la bande de zombies, ne sont pas des interlocuteurs avec lesquels on puisse discuter, à commencer par le fait qu’elle ne disposent pas du langage. Un travail analytique, une thérapie, devront
œuvrer à faire évoluer ces instances vers des formes plus humanisées ou moins mortifères, avant d’envisager un brin de conversation.
La sorcière, que nous reconnaissons pour être celle de Blanche Neige, bien que dangereuse, commence à être une interlocutrice possible. Mais la moindre naïveté vis-à-vis d’elle peut être fatale. La tâche qui s’impose alors est d’évaluer
quelle est la maturité de votre Blanche Neige intérieure et sa capacité à faire front à sa sorcière de belle-mère.
Plus proche de la sorcière qu’il n’y paraît, la jeune fille en péril peut tout aussi bien nécessiter un sauvetage héroïque qu’être un piège pour un héros trop pris dans son propre héroïsme.
Plus proche d’une réalité quotidienne, le gitan viendra questionner les aspects redoutés et inconnus de soi-même (sauf à être manouche et fier de son identité). Les détails de la scène où il vous apparaît devront être regardés avec attention
afin de déterminer si cette figure doit être redoutée ou s’il s’agit d’un allié dont on a peur parce qu’on n’a pas encore appris à reconnaître ses aspects positifs.
Des rêves précédents auront peut-être déjà introduit ce personnage, sous cette forme ou d’autres, et il sera enrichissant de s’y référer avant de prendre une position.
Le travail de l’inconscient : faire savoir et alerter
L’inconscient est d’une créativité extraordinaire et nous avons à garder cela à l’esprit si nous voulons le comprendre et ne pas naviguer en plein malentendu.
Dans l’exemple suivant nous voyons comment le Moi conscient, par peur, essaie de se débarrasser d’un interlocuteur inconscient venu donner un ultimatum au rêveur qui refusait depuis longtemps de l’entendre.
Cet homme se trouva aux prises avec une part de lui-même rencontrée dans un rêve sous forme d’un méchant vieux gnome. Ce personnage lui avait annoncé qu’il allait faire de sa vie un enfer et lui avait fait très peur. Cette peur détourna notre
homme de tenter de comprendre ce qu’il voulait dire en entrant en dialogue avec ce détestable nabot. Par l’imagination l’homme préféra tenter de l’éliminer. Tous les moyens échouèrent : l’arme à feu, la noyade, la décapitation… A chaque fois,
le méchant vieux s’en tirait ou ressuscitait. Alors l’homme essaya l’arme suprême : le soleil. Et il réduisit le vieux gnome en cendres. Alors, soulagé et gonflé de sa puissance il eut l'idée de retourner vérifier dans le placard où le gnome
lui était apparu en rêve. Quand il ouvrit la porte, horreur !! C’est lui-même qui est désormais était enfermé dans le placard.
Moralité :
- la solution n’est généralement pas de se débarrasser de son interlocuteur car cette option risque d'empirer la situation en contraignant l’inconscient à une ‘’course à l’armement’’
- le moi conscient a toujours beaucoup à perdre à se croire supérieur et à ne pas respecter ses interlocuteurs inconscients.
Ne jamais oublier que l’inconscient fait partie de soi. Il n’est pas plus indiqué d’éliminer une partie de son psychisme avec laquelle on est en difficulté que de se couper un bras parce qu’une plaie y génère de
la douleur.